Les calendriers se
superposent, se croisent se rencontrent ou s’évitent. A moins qu’ils ne fassent
que coïncider. Pour les uns, dimanche 9 avril, c’était le moment d’aller à
quelque gros meeting, pour d’autres (dont votre serviteur), c’était le dimanche
des Rameaux. Ainsi, nous entrions dans la Semaine sainte tandis que temps de la
campagne électorale officielle allait commencer.
Les campagnes électorales
peuvent être amusantes ou affligeantes, selon l’humeur où l’on se trouve. Lorsqu’il
s’agit d’une élection présidentielle, nous recevons par la poste les professions
de foi[i]
des candidats. Professions de foi, vraiment ? On dit aussi programmes.
Dans le premier cas, que m’importent les épanchements supposés de l’âme de tel
ou tel ? Et qui me dit si ces épanchements sont sincères ou s’ils ne
résultent pas du désir d’éveiller la sympathie de quelques catégories d’électeurs
soigneusement caractérisées et choisies[ii] ?
Dans le second, on hésite entre l’indifférence devant de vagues semblants d’orientations
– en rupture avec le système, bien entendu – et l’ennui devant des
propositions de mesures comptables chiffrées et détaillées – conséquence du
caractère « républicain » de nos intentions, où tous les candidats
paraissent aspirer à un poste de super-chef de bureau plutôt que de chef d’Etat.
(Soit dit en passant,
cette dernière observation me paraît un argument de plus en faveur de la
royauté, outre qu’elle pourrait nous éviter ce coûteux et lassant cirque
électoral.)
Mais bon, une fois de
plus, j’irai voter, histoire d’avoir moralement le droit de protester ensuite
si c’est nécessaire, c’est-à-dire si une mesure du gouvernement me déplaît (et
non si la tête du nouveau président me déplaît). Le premier tour le permettant,
je ne me précipiterai pas sur quelque vote utile, argument qui permet de
perpétuer tous les conformismes : il n’y a pas a priori de gros ou de
petits candidats.
Il importe aussi de nous
garder de toute illusion : quel que soit le vainqueur de cette élection,
nous ne verrons pas à partir du 8 mai 2017[iii] les
saucisses pousser aux arbres ni des nuées de sauterelles subitement ruiner les
récoltes de notre pays. Les possibilités sont bien sûr plus ou moins heureuses,
mais il ne faut en attendre ni miracle ni abomination. S’y attendre serait
peut-être bien une forme de religiosité dévoyée, ce mal qui frappe les esprits
partisans.
Mais, à propos de
religiosité (pas dévoyée, celle-là), comme dit plus haut, le début officiel de
cette campagne a coïncidé avec la Semaine sainte. Elle se poursuit, tandis que
nous sommes entrés dans le temps de Pâques.
Et là, force m’est de
reconnaître une toute autre royauté, une toute autre souveraineté, faite de don
infini. De me réjouir et d’espérer d’une manière que n’égaleront jamais
quelques engouements politiques passagers, en songeant à la résurrection du
Christ, seule révolution digne de ce nom (et digne d’intérêt)[iv].
Quant à la politique ?
Je n’en désespère pas, certes, mais je crois savoir à quoi m’en tenir[v]. Cela posé, joyeuses Pâques !
[i] Encore une de ces
locutions profanées dont j’avais bavardé ici il y a longtemps…
[ii] De celles qui rêvent d’un
candidat qui leur ressemble ?
[iii] Ou, pour les plus
acharnés des nuitdeboutistes, le 403 mars 2016 : poids d’un engouement
politique…
[iv] Que cette joie et cette
espérance touchent aussi ceux des chrétiens qui sont persécutés et assassinés de
par le monde, comme en Egypte le jour des Rameaux : Pâques est pour eux en
particulier ! Les victoires que revendiquent leurs assassins sont sans
doute dérisoires…
[v] Voir ici d’édifiants
propos du père abbé de Sainte Madeleine du Barroux à ce sujet, relevés par P.
de Plunkett.
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