Un tel titre pourrait
laisser croire que votre serviteur a, cette fois, définitivement lâché la
rampe. Il n’en est rien. Puisque je ne fais pas mienne la devise du regretté
Michel Déon (« les carottes sont cuites »), il ne saurait être
question de m’enivrer de quelque brouillard morose…
Proverbe
de saison (1)
« Noël au Macron,
Pâques au Fillon », me soufflait l’autre jour un ami, que je tiens à
remercier pour ce bon mot. Qui sait s’il n’a pas sa part de vérité ?
Aurait-on assisté à un
« moment Macron » fin 2016 ? En quelque sorte, la révélation de
la stature d’un candidat anti-système qui serait passé par quelque banque
d’affaires puis par l’Elysée (en tant que conseiller) et le ministère de
l’économie. La presse s’engoue encore un peu pour le jeune phénomène et ses
apparents succès. Mais qui peut dire qu’en avril…
M. Fillon pourrait bien,
lui aussi, souffrir d’un embrasement trop subit. On ne l’entendait plus. Or il
lui fallait bien, après ses premiers succès, faire parler de lui. D’autant que
certains paraissent redouter ses intentions en matière économique ou sociale,
qualifiées ici et là de thatchériennes. Allons, allons… M. Fillon tient
à nous rassurer : « je suis gaulliste, et de surcroît
chrétien ».
Que l’on puisse se dire
gaulliste (ou antigaulliste) en 2017 laisse songeur, mais bon, pourquoi pas.
« De surcroît chrétien », en revanche, peut provoquer la perplexité.
Naïvement, ne pourrait-on pas penser que c’est « le reste » (y
compris, pourquoi pas, une manière de « gaullisme social » qui
viendrait de surcroît à un chrétien ? Et qui peut oser dire :
« je suis chrétien » ? Pour ma part, je veux bien professer
qu’avec l’aide de Dieu j’essaie de l’être…
Mais si, en matière
sociale, le christianisme de M. Fillon a les mêmes effets que ceux qu’il a en
ce qui concerne l’avortement, il est permis de ne pas se sentir entièrement
rassuré.
Proverbe
de saison (2)
Le vrai proverbe, chacun
le connaît : « Noël au balcon, Pâques au tison ». Comme tous les
proverbes, il vaut ce qu’il vaut. Mais s’il se vérifie, nous risquons de fêter
Pâques avec de joyeux frissons. Cependant, la presse nous informe d’une
descente en Europe centrale d’air froid venu de Scandinavie. De Scandinavie,
rendez-vous compte ! Rien que le nom fait grelotter, à se demander comment
font les millions de Scandinaves pour encaisser pareils frimas à peu près tous
les ans. Cela donne en tout cas de fort belles images de neige et de gel, ainsi
que des relevés de températures assortis de points d’exclamation.
Mais n’en faisons pas un
plat : cela se nomme l’hiver. Nous en avons déjà vu de tels par le passé
et nous en verrons sans doute d’autres. Encore que cela se fasse de plus en
plus rare à Paris.
On signale aussi, en même
temps que les dures beautés de l’hiver, des morts de froid dans les rues et les
campagnes : des vagabonds, des réfugiés… Il est bon, certes, d’avoir une
pensée et, mieux, un geste, pour eux. Mais le reste de l’année ? On aurait
tort de s’imaginer que la misère se limite à l’hiver. Elle sévit aussi par beau
temps.
Paris, étant plus une
ville d’Europe occidentale que d’Europe centrale, est pour l’instant
relativement épargnée par ce temps hivernal qui s’abat sur notre vieux
continent en plein hiver. Le chaud et le froid alternent. Peut-être ces
variations ont-elles quelque influence sur les humeurs des hommes en vue.
Belle
alliance populaire
Le mot humeur est
à prendre ici au sens figuré. Il ne s’agit point des sécrétions peu
appétissantes qui ne demandent qu’à déborder de nos nez par temps froid. Pour
revenir à nos chers politiciens, penchons-nous à notre gauche.
A gauche comme à droite,
on fait désormais dans le yéyé : il faut des primaires. La chose n’est
d’ailleurs pas nouvelle à gauche, puisque c’est à ce magnifique outil
démocratique que nous devons d’avoir depuis bientôt cinq ans M. Hollande pour
président de la république. La gauche bourgeoise ne pouvant se contenter du nom
de Parti Socialiste, elle entend s’élargir sous celui de Belle
Alliance Populaire. Un peu comme si le Front National troquait Rassemblement
Bleu Marine contre Chaleureuse Union Patriotique, comme si EELV
lançait sa campagne sous le nom des Gentils Jardiniers, ou comme si Les
Républicains™ avaient fait leur primaire sous le nom du Réjouissant
Rassemblement…
En ce qui concerne la
gauche, nous avons appris que M. Valls, qui a changé (tropisme secrètement
sarkozyque ?), serait désormais disposé, s’il devenait président, à
retirer l’alinéa 3 de l’article 49 de notre constitution. Cela a fait rire,
évidemment. Faisons-lui cette suggestion s’il parvient à se faire élire :
cette révision constitutionnelle devant sans doute passer par un vote au
parlement, M. Valls, s’il rencontre quelque opposition, pourra faire usage, une
dernière fois, dudit alinéa. Ne serait-ce pas une belle preuve d’humour de sa
part ?
Le même M. Valls n’a
semble-t-il pas apprécié que M. Fillon se dise chrétien ; à l’en croire,
M. Fillon aurait « défini son projet comme catholique ». On
aimerait bien, mais… En tout cas, que l’on n’aille pas dire de M. Valls qu’il
n’est pas un défenseur acharné de la laïcité[i], ah
mais !
Un qui n’entend pas
abuser de la laïcité, c’est M. Peillon. Il faut bien se différencier de M.
Valls. Ses propos à ce sujet valent leur pesant de ce que vous voudrez :
« Si certains veulent utiliser la laïcité, ça a déjà été fait dans le passé,
contre certaines catégories de populations, c’était il y a quarante ans les
juifs à qui on mettait des étoiles jaunes, c’est aujourd’hui un certain nombre
de nos compatriotes musulmans qu’on amalgame d’ailleurs souvent avec les islamistes
radicaux, c’est intolérable. »
Cette citation se suffit à elle-même ; point n’est besoin de commenter
pareil tissu d’absurdités sur des pages ; c’est en quelque sorte un
« sans faute » dans le n’importe quoi. Contentons-nous d’une
hypothèse : pris par le temps, M. Peillon (par ailleurs professeur de
philosophie) fait écrire ses discours par M. Cambadélis.
(Moment
de contrition)
« Si nous voulons
progresser dans les pratiques démocratiques, nous devons promouvoir l’exercice
du droit de vote en promouvant dans la société un véritable débat qui échappe
aux postures, aux "petites phrases" et aux ambitions
personnelles. » (Conseil permanent de la Conférence des Evêques de
France : 2017, année électorale. Quelques éléments de réflexion)
Comme j’aimerais ne plus
plaisanter sur nos politiciens ! Peut-être devrions-nous tous cesser de le
faire. Et les politiciens pourraient-ils avoir l’amabilité d’éviter de nous
tenter ?
Idioties
internationales
Saisi donc par la
contrition et en guise de pénitence, je me garderai de me gausser de nos amis
les Américains, persuadés pour quelques-uns que l’élection de M. Trump est le
fruit d’un complot moscoutaire. Je me contenterai de trouver cela
délicieusement rétro, sans être d’ailleurs un admirateur de M. Trump ; je
regrette même que l’on ignore quelles eussent été les récriminations de
celui-ci si le résultat de l’élection présidentielle américaine avait été
différent. Mais il suffit.
[i] Influence maçonnique,
diront les plus soupçonneux, qui voient cette influence jusque dans le nom de
certaines de nos nouvelles régions, comme Grand
Est…
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