Les barbichus, autrement
dit les intégristes laïcards, semblent s’agiter pas mal en ce moment. Sans
doute l’approche de Noël et peut-être – en France au moins – la crise des
vocations dans l’Eglise catholique, cette dernière leur donnant de moins en
moins de curés à bouffer. Alors, affamés comme des loups, ils sortent du bois
et s’exposent.
Libéraux-cocos :
zéro partout
On sait à quelles
manifestations névrotiques se sont livrés les barbichus de gauche à l’occasion
de la récente visite du pape au parlement européen. Ce n’est après tout qu’une
tradition chez eux. Un bon exemple en est la lettre ouverte de M. Mélenchon à monsieur
le pape[i].
Insister sur le cas de M. Mélenchon serait cependant s’aveugler, puisqu’apparaissent
maintenant les barbichus libéraux, tel M. Gaspard Koenig, lequel s’est fendu
dans l’Opinion d’un Hommage à Jean-Luc Mélenchon. Voilà donc M.
Koenig qui dénonce l’ennemi que serait le cléricalisme et qui qualifie le
discours tenu par le pape de « version superficielle de
l’altermodialisme ». Et qui s’étrangle de rage à l’idée de voir
proposer de « replacer le pouvoir spirituel au cœur du politique ».
« Intolerabilis », conclut le nouveau beau gosse agrégé de
philosophie à col de chemise béant[ii],
histoire de rappeler qu’il a fait au moins dix minutes de latin[iii] au
cours de ses brillantes études. On comprend M. Koenig : cette visite du
pape vient troubler la tranquillité du culte rendu à la mondialisation joyeuse,
à l’économie, à la croissance et à tous les masques que revêt le dieu
Business. Le pouvoir spirituel risquerait de faire mauvais ménage avec
celui de l’argent[iv].
Cette rage prend des
accents que ne renieraient pas quelques joyeux communistes. Au temps de la
grandeur de l’URSS, Staline aurait dit un jour : « Le pape, combien
de divisions ? ». Un de ces jours, M. Koenig ou un de ses semblables finira
par dire : « Le pape, combien de dividendes ? ».
Cela posé, sachant ce
qu’il est advenu de l’URSS, j’ai bon espoir en ce qui concerne le libéralisme.
Folklore :
ça fait chrétien
L’indignation antiraciste
internationale (dont j’avais touché un mot ici l’an dernier) s’est paraît-il
encore manifestée aux Pays-Bas à l’occasion de la Saint-Nicolas et de son
cortège de Zwarte Piet, si j’en crois le blogue de Fikmonsov. Je n’ajouterai
rien à ce que j’en avais déjà dit.
J’ignore en revanche,
puisqu’il est question de traditions populaires liées à tel ou tel saint ou à
la date à laquelle il est d’usage de le célébrer, si en ce qui concerne la
Sainte-Lucie (qui tombe aujourd’hui) des féministes suédoises ont déjà protesté
contre la tradition qui veut que la jeune fille de la maison offre des
pâtisseries, vêtue d’une chemise et couronnée de bougies. Cela se fait aussi
dans les écoles, avec un beau cortège… où maintenant des garçons, çà et là,
réclament de faire la Lucie. Sans doute par souci de l’égalité des sexes
ou de la modernissime indifférence à ceux-ci : pourquoi un garçon ne
pourrait-il pas être une jeune fille comme les autres ? Apparemment, ça ne
prend guère : les gens sont vraiment de sales réactionnaires.
Mais revenons à nos
barbichus bien de chez nous. Leur furie s’est portée ces derniers temps vers
les crèches de Noël que certains élus locaux ont cru bon d’exposer dans leurs
mairies ou leurs conseils régionaux. Des gens nommés Libres Penseurs (mais
oui, ils existent encore, ce qui vous a un petit charme 1900) ont crié
au scandale à ce propos et trouvé le moyen de les faire interdire. C’est sans
compter sur l’héroïsme de M. Ménard, maire de Béziers, qui a décidé de ne pas
obtempérer. Ah, quel grand résistant !
Si on veut… On est plutôt
dans Clochemerle que dans le récit du martyre des premiers chrétiens (ou
de celui, plus actuel hélas, des chrétiens d’Orient). Je pourrais m’étendre
longuement sur le sujet, mais on trouvera d’excellentes choses ici, chez Koztoujours.
Pour faire bref : une crèche dans une mairie ou un conseil régional, ça
n’est pas gênant, c’est même plutôt agréable à voir[v] (à
condition que ce ne soit pas une horreur, auquel cas : colère !).
Mais cela n’est pas gênant non plus s’il n’y en a pas. Tant qu’il y en a à Noël
dans les églises… Nous avons donc affaire à un combat ridicule entre gens
vains : d’un côté, les libres penseurs, qui ne supportent pas de voir quoi
que ce soit qui leur rappellent le christianisme et sont prêt à tout pour emm…
les vilains calotins ; de l’autre, quelques politiciens qui utilisent des
signes ou des symboles chrétiens (certes passés, parfois affadis, dans le
folklore) pour affirmer une identité : on va mettre une crèche, parce
qu’une crèche, ça fait chrétien, donc c’est de chez nous, na.
Cela dit, pendant que la Libre
Pensée[vi]
s’occupe, comme l’écrit Koztoujours, à combattre l’Eglise du XIXe
siècle, eh bien cela laisse tranquille l’Eglise actuelle, vivante, etc., etc., qui
peut, si les fidèles le veulent, faire œuvre d’évangélisation. On ne peut quand
même pas toujours se plaindre.
Que
faire des loups ?
Quand ils sortent du
bois, il est loisible de les attendre, à l’orée, munis de piques, de massues,
de pièges ou de fusils. Ce qui ferait un assez beau tableau de chasse et de
fort seyantes fourrures. Mais, à la réflexion, voilà une idée qui ne me paraît
pas très chrétienne.
En revanche, puisqu’il a
été question plus haut de crèches et que nous devons cette tradition à saint
François d’Assise, rappelons-nous ce que ce dernier fit quand il rencontra un
loup assez féroce et plus effrayant, sans aucun doute, que le premier libre
penseur venu.
[i] Il faudrait dire à
M. Mélenchon que ce refus des titres a un petit côté « révolte
adolescente » qui n’est quand même plus de son âge !
[ii] Il en faut bien un
neuf : BHL commence à se faire vieux.
[iii] On se demande, quand
même. Si c’est neutre, il faut plutôt écrire : intolerabile.
[iv] Ne nous perdons pas en de
longues exégèses des vaseux propos de M. Koenig (qu’un normalien agrégé de
philosophie puisse écrire de pareilles âneries, voilà qui ne me fait presque
pas regretter d’avoir fait des études d’ingénieur). D’autres s’en sont fort
bien chargés, comme P. Jova (à qui je dois l’image des loups) dans Causeur ou P. de Plunkett sur son
blogue.
[v] Et qui sait, cela peut
éveiller la curiosité de certains quant à ce que cette crèche représente, au
sens de Noël, etc., etc. ; des choses importantes, quoi.
[vi] Koztoujours donne une définition intéressante de la Libre pensée en
écrivant : « c’est à se
demander si le président de la Libre Pensée utilise vraiment son temps libre à
penser. » Ce pauvre « président » est peut-être fort occupé,
allez savoir…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un commentaire ? Inscrivez-vous ! Si vous êtes timide, les pseudonymes sont admis (et les commentaires modérés).