dimanche 30 juin 2013

Tous pour tous !

Nous pourrions après tout nous faire un peu plus légers. Mais ce pourrait être pour prendre de la hauteur…
Mots de saison
Afin, justement, de prendre de la hauteur, pourquoi ne pas établir un lexique, un dictionnaire ou un abécédaire de la saison ? Nous y trouverions les mots et locutions qui ont fait fureur, avec leurs significations habituelles, mais aussi leurs acceptions du moment. Nous verrions bien s’ils gagneraient ou perdraient de leur sens. Sans parler des mots nouveaux ou des nouvelles expressions.
Ainsi, cette saison, les lexicographes qui auraient assez de courage ou de temps à perdre pour s’atteler à cette tâche disposeraient, entre autres, de : activiste, antifasciste (abrégé parfois en antifa), arbitrage, choc (ne me dites pas que vous avez oublié les chocs annoncés par le Président des bisous !), débordement, fasciste, femen, inversion (de la courbe du chômage, n’allez pas croire que, hein, hein…), militant, pour tous, radicalisation, réactionnaire (récemment enrichi par M. Barroso), skinhead, souètecheurte, veilleur, usw. J’en oublie certainement. Dois-je vous avouer que j’ai un peu la flemme ?
Chacun pourra imaginer ses définitions, avec les renvois adéquats. Un bon dictionnaire sans renvois, cela ne se conçoit pas. Ce sera un jeu pour l’été, encore un, le soir au coin du feu.
Pour tous
Cette locution ne vous aura certainement pas échappé : mariage pour tous, manif pour tous, et même, comme j’ai pu le lire fin mars sur le site de Causeur, mandales pour tous. Tant que ce n’est pas délit d’opinion pour tous
Elle existait pourtant depuis longtemps, cette expression… Qui se souvient de la France pour tous de Jacques Chirac, en 1995, avec son pommier ? Quelques décennies plus tôt, Pierre Dumayet proposait déjà ses Lectures pour tous aux téléspectateurs.
Mais puisque je suis d’humeur lexicographique aujourd’hui, pourquoi ne pas évoquer le Larousse pour tous ? J’ai le souvenir d’avoir jadis inlassablement parcouru ce dictionnaire en deux volumes (ce qui, tout de suite, vous pose autrement qu’un vulgaire Petit Larousse !), chez mes parents, dans une édition datant environ de 1914. On y trouve de magnifiques planches en couleurs avec les costumes civils et militaires de différentes époques (que je m’efforçais de recopier quand j’avais onze ans… avec une préférence pour les costumes militaires, je l’avoue), quelques gravures représentant des animaux, des paysages ou des tableaux et, à l’entrée correspondant à l’un ou à l’autre pays, les premières mesures, avec les paroles, de l’hymne national. Un régal.
Et j’allais oublier le « Un pour tous, tous pour un » des Trois mousquetaires !
Trois poids, trois mesures
Nos journalistes sont bien soulagés : les trois femen parties semer le bazar en Tunisie ont finalement été libérées. Elles n’auront que du sursis, et leur voyage touristico-militant[i] se sera déroulé presque en toute impunité. On n’allait quand même pas emprisonner des Européennes en Tunisie !
L’efficacité de leur manifestation n’est plus à démontrer, du reste : leur imitatrice, qu’elles prétendaient être venues défendre, restera, elle, en prison. Moralité : si vous êtes une fofolle européenne en mal de notoriété, allez montrer vos seins avec des âneries écrites dessus dans n’importe quel pays (en Europe, c’est devenu trop facile), vous ne risquerez pas autant qu’une autochtone influencée par votre exemple. Et vous vous serez même payé une aventure que vous pourrez raconter pendant vingt ans au moins à vos copines. Tant pis si c’est aux dépens d’une jeune fille qui aura eu la naïveté de croire que ce genre d’exhibition pouvait avoir un sens quelconque. Quelle importance, puisque c’est une indigène…
A propos de ces navrantes dames, et puisque mon humeur lexicographique ne me lâche pas, je confirme les propos de Basile de Koch dans la dernière livraison de son Asile de blog : le Gaffiot nous apprend bien qu’en latin, le nom femen, inis, n, signifie « cuisse ». Merci, monsieur !
Pendant ce temps, peu de journalistes s’émeuvent du scandale que représente l’emprisonnement de Nicolas Bernard-Busse. Ce qui ne me surprend guère, hélas. Et qui ne nous dispense pas de penser à lui. Est-ce dans le journal de Jean-René Huguenin que j’ai lu ceci : « Penser à quelqu’un, c’est déjà prier pour lui[ii] » ? Cela semblera peu à certains[iii], mais c’est déjà quelque chose. Ne nous en privons donc pas.



[i] Je ne vois pas de traduction française qui tienne la route pour l’expression suivante, relevée dans un journal suédois il y a quelques années : kravall turism. Tourisme d’émeute ?
[ii] Je n’arrive pas à retrouver la citation exacte. Et je suis décidément paresseux aujourd’hui. Je crois que ce sera une de mes relectures pour les vacances.
[iii] Pour mémoire, des pétitions circulent…

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