Sans qu'elles se ressemblent tout à fait, reconnaissons à certaines années consécutives de fâcheux airs de famille. Ainsi avons-nous été peinés ou ennuyés en 2021 autant qu’en 2020 par la funeste pandémie que l’on sait, avec son cortège de deuils, d’enfermements, de bobards et de vaines querelles. De quoi avoir l’impression pour le moins lassante d’un perpétuel recommencement.
Les instants joyeux étant
rares, autant ne pas se priver de se les rappeler. Pour les catholiques
français, ce fut probablement la possibilité de fêter Pâques ensemble,
contrairement à ce qui se fit en 2020, en particulier, pour les plus matinaux,
lors de la vigile pascale célébrée au petit matin pour des raisons de
couvre-feu. Moment extraordinaire, beau, émouvant et, selon toute vraisemblance,
unique.
Cette joie intense nous
fut nécessaire pour affronter d’autres épreuves. La parution en octobre du « rapport
Sauvé » fut un choc dans l’Église. Certes, nous savions bien qu’en son
sein des abus effroyables étaient commis ici et là, de temps à autre. Sans en
nier la gravité, voire le caractère diabolique à tout point de vue, nous
préférions nous rassurer en nous disant que cela ne concernait qu’une infime
minorité de prêtres… Seulement voilà : cette infime minorité, accumulée au
cours des décennies, donne en absolu un nombre terrible. Ce qui fut, sinon
terrible, du moins navrant, c’est le petit tas de controverses qui en sont
nées, lancées par quelques cliques habituelles de « progressistes »
exigeant la démission de tous nos évêques ou encore le mariage des prêtres, ou
de « conservateurs » contestant la validité du « rapport Sauvé ».
Or l’Église n’a pas besoin de « progressistes » ni de « conservateurs »,
mais d’un combat permanent contre le mal, y compris – et peut-être d’abord là –
en son sein. Laissons donc au magasin des curiosités les solutions aussi
incongrues que préfabriquées ou les expressions de déni s’appuyant sur des
arguties de statisticiens amateurs.
Les coups ne tombant
jamais seuls, il nous fallut, en décembre, apprendre la démission de l’archevêque
de Paris après une campagne de presse pour le moins crapoteuse. On peut, à ce
propos, penser ce que l’on veut du Point, mais on ignorait jusque-là que
cette publication appartînt à la presse de caniveau. On s’instruit tous les
jours, après tout. Si certains avaient de vraies raisons de faire des reproches
à Mgr Aupetit, pourquoi n’ont-ils pas fait ces reproches à visage découvert,
franchement et dans le calme ? Leur était-il nécessaire de répandre
anonymement des ragots dans des journaux friands de spectacle ?
Dans ce domaine, ne nous
attardons point sur Paris-Match, dont certaines photos floues montrant
Mgr Aupetit en compagnie d’une vierge consacrée de ses amis et légendées dans
la plus pure tradition farfelue de cette entreprise de gaspillage de papier
feraient hennir de rire s’il ne s’agissait de calomnies. Comment ne pas penser
à cette « une » de Paris-Flash dans Les Bijoux de la
Castafiore : « Le rossignol milanais va épouser un vieux loup de
mer » ?
Et, puisqu’il est
question de rire, les amateurs de vieux dessins politiques se rappelleront
celui que commit Jacques Faizant pour le Figaro du 1er janvier 1969 :
Marianne, épuisée, laisse derrière elle une porte barricadée au moyen de
verrous, cadenas, barres et bûches de toute sorte où l’on peut lire :
1968. 2020 et 2021, à part quelques moments de joie qu’il ne faut pas oublier,
conviendraient aussi bien. Souhaitons – et faisons en sorte – qu’il n’en soit
rien en 2022. Bonne année !
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