Vacances studieuses ?

Pourquoi, cet été, ne pas passer quelques vacances en un coin frais et paisible, après avoir fait l’effort de parcourir la route qui y mène, sans la facilité de s’y faire projeter en avion ? Bien calé dans un fauteuil, sur le perron d’un rustique chalet, nous déposerions devant nous une pile de livres et de cahiers, prêt à lire et à écrire entre deux bains de mer.

Je ne révélerai pas le lieu précis de ces exploits en ce qui me concerne – tant par discrétion que pour préserver de toute publicité un havre de paix – mais jetons un coup d’œil à quelques livres de la pile : citons le Dictionnaire du diable, d’Ambrose Bierce, La liberté de blâmer, de Renaud Matignon (il me plaît de lire, l’été, des recueils de critiques littéraires), un Autofictif de plus d’Eric Chevillard (les habitués savent déjà ce qu’on peut en penser), une brassée de rééditions de Malaparte (les amateurs se seront déjà jetés sur son Journal d’un étranger à Paris)… et même – cadeau d’un ami – L’art littéraire de Søren Kierkegaard, brève étude écrite par un certain F.J. Billeskov Janssen.

(A propos de Kierkegaard, notons que ce nom se prononce en gros Kirkgaurd. Je donne le truc pour ce qu’il vaut à qui voudra briller en société, surtout pour impressionner les dames. Messieurs, vous pourrez toujours faire preuve d’imagination en disant par exemple que vous tenez cette prononciation correcte d’une passion inextinguible pour ce philosophe qui vous a poussés à l’étude de la langue danoise ; ou d’une ancienne idylle avec une extraordinaire Danoise, à la fois nageuse olympique, beauté sculpturale, violoniste classique hors pair, doctorante en philosophie, poétesse mystique et fumeuse de cigares ; ou encore, pour les cinéphiles, d’une admiration sans bornes pour Anna Karina, vue par exemple dans Bande à part, de Godard ; précisons que ce dernier film, en dépit de son titre, n’a rien à voir avec le superbe roman – ou récit ? – de Jacques Perret, paru en 1951 – encore une lecture pour l’été, si cela vous chante.)

Pour votre part, vous pouvez toujours emporter en vacances Nos limites, de Gaultier Bès, dont vous pouvez savoir ici ce que je pense, ne serait-ce que pour commencer à réfléchir à notre époque. Ou passer la tête dans ma modeste « librairie », où vous serez pauvrement mais joyeusement accueillis.

Le prochain Chatty Corner sera pour août. Rien avant, pour cause de vacances, vous l’aurez compris. Si vous en prenez aussi, je vous souhaite d’en passer d’excellentes.