lundi 23 décembre 2019

Grandes causes, petits effets (et l’inverse)

Tout et probablement le contraire de tout aura été dit sur le projet de réforme des régimes de retraite auquel tient tant notre gouvernement. Je m’abstiendrai donc de tout commentaire à ce sujet précis, n’ayant pas d’avis ferme. Sur la grève provoquée par ce projet, je me contenterai de dire que je peux comprendre les inquiétudes de beaucoup de mes concitoyens, sans toujours approuver les méthodes de certains grévistes. Mais, après tout, c’est de l’injustice ou du sentiment de celle-ci que peuvent naître de grands désordres. Notre époque n’est pas toujours rassurante.
Je m’intéresserai donc à quelques à-côtés, plus ou moins anecdotiques.
Balayons en quelques mots les déboires de M. Delevoye, dont le moins que l’on puisse dire est que cet homme n’aura pas connu douze métiers et treize misères et qu’il semble fort capable d’assurer son train de vie. Relevons quand même que ce (désormais ancien) membre à titre bancal du gouvernement émargeait à un genre de cabinet nommé Parallaxe, fait inquiétant vu que parallaxe est le nom d’une erreur de lecture. Et observons qu’il est toujours amusant, quand on s’appelle Delevoye, de provoquer des grèves dans les chemins de fer.
Pour demeurer une minute dans un registre comique et assez facile, comment ne pas ironiser une fois de plus sur un mouvement de grève que rend quelque peu difficiles les déplacements, notamment ceux des Parisiens et banlieusards ? Voilà pour la grosse blague.
Cette grève a ses bons côtés, nous obligeant, nous autres Parisiens ainsi que nos voisins de banlieue, à une certaine imagination. D’aucuns ont découvert – ou redécouvert – les vertus de la marche à pieds. D’autres se sont rendu compte de ce qu’une voiture à quatre places pouvait transporter quatre personnes. D’autres encore se sont jetés dans les délices du cyclisme.
J’a pour ma part expérimenté les deux dernières solutions pour me rendre à mon travail. Ainsi, le 5 décembre, premier jour de grève, c’est plein d’entrain et, je l’avoue, non sans une certaine fierté que, perché sur mon haut vélo, j’affrontai une aube froide et brumeuse. Or, visiblement, ce jour-là, peu de Parisiens ou de banlieusards avaient pris leurs voitures : les rues étaient quasiment vides. D’où comme une déception ou un regret chez moi : c’eût été le jour idéal, au contraire, pour prendre ma voiture ! Puis je me rengorgeai avec ce qu’il faut d’autodérision : c’était évidemment grâce aux vertueux cyclistes d’un jour dont j’étais que les rues étaient si peu densément peuplées de voitures et le trafic partant si fluide.
N’en faisons pas trop toutefois : il est probable que parmi les grains d’un sablier, si ceux-ci étaient doués de pensée et de parole, il s’en trouverait quelques-uns pour nous expliquer qu’ils sont les agents du destin.
Du reste, les émerveillements d’un cycliste occasionnel les jours de grève ont leurs limites, dont il sera question une autre fois.

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