Comme je l’avais laissé
entendre il y a environ un mois, j’ai emporté dans mes bagages – et même
lu ! – la récente encyclique du pape François, Loué sois-Tu (ou Laudato
si’, si vous préférez). Voici donc quelques mots – humbles et filiaux – à
propos de cette encyclique.
Pour commencer, précisons
qu’il ne sera fait aucune longue citation ni aucun commentaire ou commentaire
d’exégèse de commentaire… Votre serviteur se sait trop petit pour cela.
Contentons-nous de quelques impressions, et notamment d’impressions laissées
par des réactions disons… un peu courtes.
La chose a été dite
ailleurs, cette encyclique coïncide avec une des inquiétudes du moment, quant à
l’état dans lequel nous sommes devenus capables de mettre la terre. Cette coïncidence,
si elle a été saluée par certains (sincèrement, espérons-le), a évidemment fait
l’objet de quelques critiques. Celles-ci émanent souvent de milieux dits conservateurs[i],
voire libéraux-conservateurs[ii], au
sein desquels se trouvent des personnes se disant (et certainement se voulant
ou se croyant) catholiques. En résumé, ces personnes rejettent certaines
hypothèses nourrissant les inquiétudes évoquées plus haut, notamment quant aux
possibles – ou probables – évolutions du climat[iii]. On
les comprend, du reste : ils aimeraient bien continuer de s’amuser, de
consommer et de faire consommer les autres ; c’est qu’il y a de l’argent
en jeu ! Cette fixation sur le climat et ses incertitudes leur permet
d’oublier que, de toute façon, la Création ne nous a pas été confiée pour que
nous la cochonnions[iv].
Pour rejeter les
inquiétudes d’ordre écologique et toute réponse chrétienne à ces inquiétudes,
quelques-uns s’en prendront directement à la personne du pape. Celui-ci serait
un dangereux révolutionnaire s’employant à subvertir l’Eglise de l’intérieur.
Le propos est curieux, car il rappelle les compliments que font au pape les
gauchards anticléricaux de service lorsqu’ils se prennent à l’aimer :
« enfin le pape nous parle d’écologie, de questions sociales, etc. Quel changement
pour les catholiques ! »
Les premiers, donc,
n’acceptent la parole de l’Eglise en-dehors de préoccupations « purement
spirituelles » que lorsqu’elle touche à des questions liées à certaines
formes de respect de la vie ou à la morale sexuelle. Les seconds – d’ailleurs
indignés par les interventions de l’Eglise sur ces derniers sujets – la saluent
lorsqu’elle critique le capitalisme ou notre comportement irresponsable à
l’égard de la nature, critique qui horripile les premiers[v].
En somme, nous avons
affaire à deux erreurs symétriques, qui sont le fait de borgnes – de l’œil
gauche ou de l’œil droit, c’est selon[vi].
Que conseiller à ces
personnes pour qu’elles y voient plus clair ? Eh bien, de lire
l’encyclique Loué sois-Tu. La quantité de références et de citations
qu’elle comporte, de Benoît XVI – à qui François est souvent opposé par les
deux susnommées factions de borgnes – aux Evangiles, leur apprendra qu’elle ne
vient en rien contredire les enseignements ni les traditions de l’Eglise. De
plus, ces borgnes y apprendront que l’écologie qui y est proposée est
chrétienne, donc totale (« tout se tient ») : il y a là de quoi
éclairer les borgnes de chaque œil. Ou les fâcher : question de bonne
volonté…
En fait, cette lettre
encyclique contient des choses que tout chrétien devrait savoir ou avoir déjà
comprises. Et, dans ce qui est proposé (de la prière à la politique, en passant
par de petits gestes quotidiens en apparence anodins), pratiquer.
Mais alors, diront
quelques petits malins, à quoi bon dans ce cas répéter des choses que nous
sommes censés connaître et pratiquer ? C’est pourtant simple : ces
choses, nous les oublions trop souvent, tant nous sommes faibles et paresseux.
Il nous reste donc du travail[vii].
(Et une très bonne fête de l'Assomption à chacun. Ce matin, les cloches ont sonné pour nos frères d'Orient...)
[i] Je n’ai rien a priori
contre les conservateurs. Je me sens souvent conservateur moi-même, voire
franchement réactionnaire. Mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’il est
nécessaire de conserver.
[ii] Ces derniers étant
peut-être des hybrides échappés d’un laboratoire transhumain digne de L’Île du docteur Moreau…
[iii] Les climato-sceptiques se réjouissent, par exemple, d’une
récente étude selon laquelle nous pourrions bientôt connaître un « petit
âge glaciaire », la brandissant pour nier toute origine humaine au
réchauffement climatique. Rien ne m’autorise à contredire ni à approuver une
telle étude. En revanche, il est facile de voir par où pèche l’interprétation climato-sceptique
d’une telle étude : le « petit âge glaciaire » en question
serait dû à une évolution de l’activité du soleil.
[iv] Mais il me semble que je
me répète (voir ici).
[v] D’ailleurs, les uns et les autres reprochent souvent au pape en
particulier et à l’Eglise en général d’entrer dans des détails qui ne les
regarderaient pas, qu’ils ne seraient pas capables de comprendre, ou qui
friseraient le ridicule. Ce qui est oublier que le christianisme est la
religion de l’incarnation.
[vi] Si quelques néo-païens
aux tropismes nordiques tombent sur ces lignes, ils seront navrés d’apprendre
que leur auteur ne croit pas du tout qu’être borgne rende sage, quel que soit
l’œil perdu…
[vii] Un chrétien sait,
d’ailleurs, qu’étant faible et paresseux c’est avec l’aide de Dieu qu’il pourra
se mettre au travail.
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