A tout hasard, pour ceux qui me chercheraient l’après-midi du dimanche 26, il est vraisemblable qu’ils puissent me trouver – en cherchant bien – quelque part sur l’un des parcours d’une manifestation que la « bonne presse » juge déjà vaine. Vous l’aurez compris, je vais encore me mêler aux retardataires qui protestent contre une grande et évidente avancée sociétale (la peste soit de ce dernier adjectif). D’autant plus retardataires que la loi permettant ladite avancée a désormais été promulguée. Ah, je ne suis pas raisonnable…
Quelques réserves…
J’ai pourtant quelques réserves à exprimer quant à ces manifestations. Elles sont purement d’ordre esthétique :
Premièrement, j’ai horreur de me mêler à une foule.
Deuxièmement, je trouve tous ces drapeaux bleus et roses un rien… cucul.
Troisièmement, les jolies demoiselles qui ornent la tête de ces cortèges porteront encore, je le parie, des bonnets phrygiens.
Ajoutons à cela les chars et la sono…
… Sur lesquelles je mets mon mouchoir
J’ai retrouvé un curieux écho de la deuxième de mes réserves dimanche 19 en écoutant une émission de France-Culture (les Retours du dimanche). Le bavard de service (M. Nicolas Truong, également journaliste au Monde), nous a expliqué du haut de son magistère que (1) la « manif pour tous » cite Philippe Muray comme source d’inspiration (ah bon ?), (2) elle agite des drapeaux roses ou bleus et promène des chars sonorisés, (3) elle est donc festive et moderne, (4) Philippe Muray aimait à tourner en ridicule tout ce qui est festif et moderne, (5) la « manif pour tous » n’a donc pas à se réclamer de Philippe Muray, qui en eût sans doute ri en des termes peu amènes et (7) la « manif pour tous » est donc quelque chose de futile, incohérent, pas très réfléchi…
Je veux bien, mais pour un peu ce brillant monsieur eût été prêt à nous expliquer pourquoi Philippe Muray aurait approuvé le simulacre de mariage dit pour tous. Que ce modernolâtre de permanence le dimanche soir laisse Muray tranquille et n’aille pas mettre ses grosses pattes dessus en essayant de le récupérer, avec quelle filandreuse maladresse…
Sans invoquer pour ma part Philippe Muray (pas cette fois, en tout cas ; il y aura certainement d’autres occasions de la faire) et malgré les réserves émises plus haut, j’irai donc, une fois de plus, faire le zouave dans la rue dimanche prochain. J’ai d’ailleurs d’excellentes raisons pour cela. En voici un bref inventaire.
Quelques bonnes raisons, de circonstance ou non
Elles se présentent comme elles viennent, mais elles sont numérotées, chers amis ! Vous pourrez vous y reporter sans peine !
1. J’ai pris goût à inventer des slogans absurdes, incompris de la masse des autres manifestants, comme : « pas, pas du tout, maman non plus ».
2. Vu la situation actuelle, la cause défendue dans cette manifestation semble perdue ; et je reprends à mon compte ce que me disait il y a peu un ami : j’aime bien les causes perdues.
3. Sait-on jamais… un miracle ?
5. Car ces « vainqueurs » sont assez drôles : ils n’ont pour arguments que des insultes ou des amalgames aussi stupides que superficiels, qui sortent tous seuls, comme par un réflexe conditionné.
6. Je ne veux plus me contenter de geindre à propos de toutes les imbécillités promues par nos chères autorités. Je veux beugler contre elles. Fût-ce en me mêlant à une foule. Même une foule moderne et festive.
7. Il me plaît de passer outre les injonctions bourgeoises telles que : ça n’a plus aucun sens, cette loi est passée, elle a été votée et promulguée par des autorités somme toute légitimes. Zut.
8. J’aime à voir dans ces cortèges des jeunes gens qui trempent leur courage, qui s’épaississent le cuir en apprenant à espérer concrètement, dans la défaite comme dans la victoire (toutes proportions gardées) ; et qui découvrent les joies troubles de la raison n° 4 ci-dessus.
9. Il faut garder à l’esprit – et rappeler aux sectateurs de la bouille mentale contemporaine – qu’il y aura toujours des maux, grands ou petits, à combattre (voilà pour honorer la devise qui embellit cette humble chronique des temps absurdes).
10. D’ailleurs, nous serons sans doute servis, avec ce gouvernement (enseignement du « genre » dans les écoles, PMA, GPA, euthanasie…).
11. Il paraît que le parlement vote les lois au nom du peuple et que l’on appelle cela démocratie. Je ne souhaite pas que les lois soufflées par des groupes de pression délirants à des laboratoires d’idées ayant substitué, comme cible de la démagogie du Parti Socialiste, des bourgeois hype et friqués aux ouvriers soit votées, promulguées et appliquées en mon nom.
Si ces quelques raisons vous plaisent… Ou si vous en avez d’autres… En ce qui me concerne, je n’agresserai que le bitume et peut-être quelques pelouses. Avec une certaine rage, mais sans haine. Et en gardant toujours un certain sourire en coin…
... Oui, vive les causes perdues ! Longue vie aux causes perdues !?! J'ajoute quand même une réserve au nombre de celles qu'énonce cette chronique : le nom de Frigide Barjot (je ne sais même plus si je l'orthographie convenablement), trop "clivant", comme diraient les communicants et autres spin doctors de tous bords.
RépondreSupprimerJ'aime bien aussi "longue vie aux causes perdues"... Bon, à condition de les choisir.
SupprimerL'orthographe de "Frigide Barjot" est correcte. Il est vrai que ce pseudonyme convenait mieux au temps où elle animait le "RAssemblement POUR RIen", courant chiraquien de Jalons. Mais c'était il y a vingt ans...
A noter : nous avons évité le pire ; si la dame avait choisi de faire allusion à Martine Carol plutôt qu'à B.B., nous aurions peut-être eu "Tartine Maroilles". Qui sait ?