Un regret
Il se trouve encore quelques personnes pour nous affirmer, des étincelles dans les yeux, qu'on n'arrête pas la progrès ! Dommage. J'aimerais bien porter plainte de temps en temps.
Qu'on en juge plutôt.
Dans le métro (1)
Une campagne d'affichage pour je ne sais plus quel jus de fruits trafiqué nous montre en ce moment un gros fruit indéterminé et hilare, muni de pieds et de jambes, dans des situations se prêtant à des calembours laborieux. Par exemple cette affiche, vue avant-hier dans le métro, me montrant ledit gros fruit attendant le métro et portant un carton, tel un auto-stoppeur, où on peut lire : "Père Lafraise". A part le fait que j'ai rarement vu quiconque faite de l'auto-stop dans le métro (effet des substances consommées par les publicitaires ?), cette épaisse blague ne m'a pas arraché le moindre sourire. J'ai pensé à ceux qui, parfois, prennent le métro pour aller au cimetière du Père Lachaise, pour un enterrement, par exemple : devoir en plus subir ça... Je n'ai pas eu à endurer cet affront l'an dernier, en me rendant au Père Lachaise pour les obsèques d'un ami. Mais je crois que si cela m'était arrivé, je me serais renseigné pour savoir où aller gifler au complet la bande de publicitaires camés qui ont dû pondre une niaiserie pareille, sans doute après douze ou quinze heures d'une éprouvante séance de brainstorming.
Dans le métro (2)
Toujours dans les mêmes boyaux, j'ai aussi vu une massive campagne pour le premier site de rencontres extra-conjugales pensé par des femmes (sic). En gros, si mon esprit quelque peu lent a compris quelque chose, s'agit-il d'un site internet destiné à trouver des amants aux femmes mariées ? J'ai dans ce cas d'autres propositions, qui devraient connaître quelque succès si on les essayait (soyons de notre temps !) :
- jetrahismesamis.com : conseils, exercices pratiques et outils pour trahir ses amis en un clic !
- jabandonnemesenfants.net : idem, mais pour abandonner ses enfants ;
- jedenoncemesvoisins.fr : tout pour dénoncer ses voisins, avec un large choix de motifs (fraude fiscale, homophobie, xénophobie, résistance, collaboration, etc.) ;
- jelachemescollegues.org : très utile au boulot, en cas de difficulté ou d'erreur que l'on souhaite faire assumer à un collègue.
En réfléchissant, on doit pouvoir en trouver bien d'autres.
Banalité du mal
J'entends souvent cette expression à la radio en ce moment, à l'occasion de la sortie du film Hanna Arendt, de Margarethe von Trotta. Tout le monde a l'air de trouver révolutionnaire cette expression. Pas moi. Point n'est besoin d'aller chercher jusqu'à Adolf Eichmann pour comprendre que le Diable ne s'orne pas nécessairement des oripeaux de quelque trompeuse splendeur. Il suffit de relire les exemples donnés ci-dessus. Le Diable peut aussi séduire par la médiocirté, la paresse, le confort (matériel ou intellectuel)...
Et enfin, un post-scriptum...
... à ma récente Numérologie : je lis dans le numéro de mai de Causeur (navré, pas de lien : cette fois, c'est sur papier ; demandez-le à votre marchand de journaux, en le menaçant de le faire périr de malemort s'il ne l'a pas), ceci, tiré de la chronique d'Alain Finkielkraut : "Le déluge de comparaisons actuel n'est pas, à mes yeux, le signe d'une recherche de la vérité, mais le signe d'une panique devant la vérité." Pas faux. J'ajouterais bien : le signe de l'ennui, qui nous fait mimer et rêver des événements historiques, tant nous avons le sentiment que cette époque n'a rien de réel ni de grand.
Hum... Je me demande s'il n'existe pas déjà quelque chose dans le genre de jedenoncemesvoisins.fr. La délation, ça marche toujours dans les sociétés judéo-chrétiennes : une forme de confession par procuration, n'est-ce pas ?
RépondreSupprimerJe dirais plutôt : dans les sociétés post-chrétiennes. Le plaisir de recevoir l'absolution en disant les péchés des autres, en somme. Hier, par exemple, "on" célébrait la mémoire de l'esclavage : moyen de dire que nos ancêtres étaient mauvais mais que nous sommes désormais bons...
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