Sale temps, en effet. Cette fin mai aura plutôt
ressemblé à une fin mars. On était presque étonné de ne pas voir tomber de
neige à Paris. Et même votre serviteur, pourtant guère amateur de fortes
chaleurs, commençait à grelotter.
Théories du complot
La presse, depuis un peu plus d’un an, en a fait un
gag récurrent : partout où passe notre Entremets élyséen, il se met à
pleuvoir. Faut-il par conséquent l’accuser de ces intempéries ? Ou est-ce
une tentative de M. Valls pour interdire le « Printemps français » ?
Il est permis d’en douter car on eût pu aussi
redouter un débordement de la Seine, elle-même certainement saisie par une
subite radicalisation. Mais,
objecteront les complotistes de droite, l’Entremets n’a-t-il pas intérêt à
provoquer de tels débordements ? Alors…
D’autres rapprochements sont possibles, pour les
complotistes de gauche, cette fois. Ces intempéries auraient-elles un rapport
avec la manifestation contre le froid qui eut lieu voici une trentaine d’années
au métro Glacière, aux cris de « verglas assassin, Mitterrand complice » ?
Certains, en tout cas, n’hésitent plus à ne pas trouver une telle manifestation
si innocente que cela : ils ont découvert, sans doute après de longues et
patientes enquêtes, que Frigide Barjot en était. Il fallait pour trouver une
telle connexion des intelligences aussi affûtées que celle de cette journaliste
qui me fait tant rire sur France-Culture les mardis matin à sept heures et
quart. Ah, comment s’appelle-t-elle, déjà ? Gazoline Flourest, ou quelque
chose d’approchant.
Dominique Venner et les Femen
Oui, décidément, il a fait un sale temps en cette
fin mai (NB : je commente des faits un peu vieux, cette chronique étant
prévue initialement pour samedi dernier, mais des ennuis techniques m’ont
empêché de la publier). Mardi 21, devant l’autel de Notre-Dame de Paris,
Dominique Venner se suicidait en se tirant une balle dans la bouche. Je connaissais
son nom par quelques publications estimables dont il avait eu l’initiative,
comme la revue Enquête sur l’histoire,
que je lisais il y a quinze, vingt ans, et où des signatures très diverses
apparaissaient. La presse à rendu compte de la mort de Venner en le décrivant comme
un « ancien de l’OAS, essayiste d’extrême-droite et proche des milieux
anti-mariage gay ». Difficile de faire plus épais, plus gazolinesque, dans
le rapprochement…
Il me semble que la curiosité de Dominique Venner et
le souci de faire parler d’autres voix que la sienne dont il a parfois fait
montre auraient mérité un peu plus d’attention et des descriptions un peu moins
caricaturales (bien qu’il fût, en effet, un ancien de l’OAS, qu’il ne fût pas
tout à fait de centre-gauche ni pour tous).
On pourra cependant déplorer son néo-paganisme – notion qui me reste
incompréhensible, tant cela me paraît un bric-à-brac spirituel assez louche. On
a vu, du reste, à quelle macabre et sacrilège folie ces brumes l’ont conduit. On
éprouve comme un sentiment de gâchis.
Là où on n’éprouve pas grand-chose, en revanche, c’est
en apprenant que le lendemain une Femen
est venue au même endroit mimer le suicide de Dominique Venner. Avec le costume
d’usage chez ce groupuscule décervelé tant admiré par Gazo, ma comique préférée
du mardi matin : les seins à l’air et des slogans imbéciles tartinés en
anglais d’aéroport sur les flancs. Je crois que la bêtise de ces péronnelles ne
mérite que les haussements d’épaules qui conviennent à toute manifestation d’exhibitionnisme.
Elles sont un bon reflet de leur époque et de leur monde, c’est-à-dire de rien.
Pendant ce temps…
En Suède, pays qui m’est cher, quelques jeunes
crétins mettaient le feu dans les banlieues. C’était tellement désolant que l’on
eût pu se croire en France vers 2005 ou en Angleterre l’an dernier.
Justement, en Angleterre, deux types alpaguaient un
soldat dans la rue et le décapitaient, comme ça, froidement, en invoquant Dieu
pour justifier leur boucherie. Dieu n’a décidément pas de quoi se réjouir en
permanence…
Quel est le rapport ?
Dominique Venner était écœuré par la décadence de l’Europe,
ce qui peut se concevoir. La solution qu’il a cru trouver à ce problème, en se
voulant noble et antique, n’a été que spectaculaire et moderne. Il eût mieux
valu pour lui vivre et espérer. Quelques poupées hystériques, sans être plus
inquiétées que cela, en tout cas chez nous, se dépoitraillent un peu partout
pour protester contre… on ne sait plus trop quoi. Ou peut-être contre ce qui
est encore vivant, comme par exemple l’Eglise catholique (malgré les apparences
et les efforts d’une ennuyeuse conjuration d’imbéciles). Mercredi 29, à
Montpellier, deux messieurs nous ont fait croire – et ont sans doute cru – qu’ils
se sont mariés, dans le plus grand sérieux, avec les félicitations du
gouvernement ; chose qui eût passé naguère pour une bonne grosse farce
(Coluche et le Luron, c’était un peu lourd, mais quand même assez drôle). Et
périodiquement, nos gouvernants nous rappellent qu’il faut nous excuser d’exister,
vu que nous sommes, nous autres Européens, d’affreux esclavagistes, des
oppresseurs ou tout ce que vous voudrez de ce genre.
Comment veut-on qu’avec tout cela des immigrés venus
de pays lointains puissent avoir la moindre estime pour nous ? Ne nous
étonnons donc pas si, de temps en temps, quelques rouleurs de mécaniques font
la loi en banlieue ou si quelques fanatiques décapitent un autochtone. Ils nous
prennent au mieux pour des mous, au pire pour des morts.
Enfin…
Ne nous plaignons pas trop : dimanche dernier,
il a fait plutôt beau. Pour la dernière fois, un peu tristes peut-être, nous
fûmes 825 millions selon Mme Boutin et 32 selon M. Valls. Il n’a pas plu et il
n’y a donc pas eu trop d’eau dans le gaz… Ce n’était pas plus que cela la Manif pour tousser… En tout cas pendant. Les journalistes, fidèles à leurs réflexes, n'ont rendu compte que des heurts entre la police et quelques jeunes gens aux têtes chaudes ou au plafond bas.
Mais tiens, j’y pense, comme il est toujours
question d’écarts extravagants entre les différentes estimations du nombre de
participants : cette fois, nous étions en fait un million selon les
organisateurs et cent-cinquante mille selon la police. Eclair subit dans mon
esprit : la police nous compte en euros ! Ce qui aurait tendance à
prouver que nous en sommes restés au franc : quels indécrottables
retardataires !
Remerciements (et excuses)…
… A Philippe Muray qui, longtemps avant moi, utilisa
l’expression la cage aux phobes. Je l'avais oublié. C’était
dans un article paru en 1999 dans le quotidien la Montagne et repris dans la
troisième tome de ses Exorcismes spirituels. Je me devais, à sa mémoire, de
rétablir cette vérité.
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