« Ne bronzez pas idiot ! » est un cri
du cœur des publicitaires, dès que le soleil pointe ses rayons. Et d’essayer de
nous fourguer toutes sortes de passe-temps. Non, ne bronzez pas du tout (d’ailleurs
le temps s’y prête peu en ce moment) et inventez plutôt des jeux amusants et,
pourquoi pas, érudits. En voici un.
Le jeu du « selon la préfecture »
Mes fidèles lecteurs (combien ? selon moi ?
selon la préfecture de police ?) se rappelleront le jeu de mots du
Cardinal Vingt-trois : « André Vingt-trois pour l’état civil, seize
pour la police ». Mais oui, on peut rire des mensonges assénés par le
musclé de la place Beauvau, puisqu’ils sont ridicules (et étymologiquement,
comme dirait mon frère, est ridicule ce qui prête à rire). On peut en faire d’infinies
variations ! Voyez plutôt.
Géographique : un collègue me disait l’autre
jour, par exemple, que Paul Valéry et Georges Brassens étaient nés à Sète – ou,
selon les services de police, à Troyes.
Littéraires : là, le choix ne manque pas pour
les titres revus par la préfecture : Les
deux mousquetaires, Cinq lieues sous
les mers, Une semaine en ballon, Un homme dans aucun bateau… A votre tour !
Cinématographique : Les dix-sept jours de Pékin, Les
trois samouraïs, Les quatre
mercenaires… Il doit encore y en avoir beaucoup d’autres ! Cherchez !
Au théâtre, on pourrait même imaginer ce que notre
ministre de l’intérieur préféré (il n’y en a qu’un seul, alors…) pourrait faire
de ces fameux vers de Corneille, tirés bien sûr du Cid :
Nous partîmes cinq cents et, par un prompt renfort,
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.
Cela deviendrait :
Nous partîmes vingt-sept et, par essoufflement,
Nous nous vîmes quatorze à notre embarquement.
Redoutable, non ? Bien entendu, je ne suis pas
neutre. Mais je suis sûr que ceux qui sont de
l’autre bord sauront imaginer le jeu du « selon les organisateurs ».
Beaucoup moins drôle
Je lis ce soir dans divers journaux qu’un jeune
homme vient d’écoper EN COMPARUTION IMMEDIATE de quatre mois de prison DONT
DEUX FERMES pour avoir refusé de laisser prélever par un policier ses
empreintes et son ADN ; à l’issue d’une manifestation anti-ce-que-vous-savez,
bien entendu. Ce qui gâche un peu mes plaisanteries. Deux mois de trou pour
avoir manifesté contre l’ectoplasme qui apparaît, de temps à autre et de manière inexplicable, aux Français depuis le 6
mai 2012 (s'agirait-il d'un phénomène d'hallucination collective ?), voilà qui commence à devenir inquiétant. Ou révoltant ?
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