Avez-vous entendu parler
de la Marche pour la vie ? Si vous ne vous informez que dans la
grosse presse, il est probable que non. Sachez donc qu’il s’agit d’une manifestation
annuelle entendant, par opposition à certaines dérives – réelles ou
potentielles – dans le domaine que l’on s’entend à nommer bioéthique, célébrer
la vie : la vie qui vient ou ne vient pas, la vie qui se donne ou qui
finit. Cette année, les « marcheurs » étaient quelque quarante mille
aux dires des organisateurs.
Il est évidemment des
gens à qui ce genre de rassemblement ne plaît pas. Selon leur tempérament et
leurs capacités (intellectuelles notamment), ces gens ont tenu à manifester
leur désaccord avec la Marche pour la vie, à leur manière.
Il a été fait mention,
par exemple, de l’attaque d’un car de « marcheurs » passant par
Rennes par une bande d’anarchistes qui ont fait montre d’une conception
particulière de la dialectique, conception qui est à la portée de leurs
cervelles. Le pire, apparemment, a été évité grâce à un passager du car qui est
parvenu à jeter dehors le fumigène qui était entré dans le car, lancé par un de
ces charmants jeunes gens ; lequel devait juger qu’il s’agissait d’un
argument décisif en matière de confrontation d’idées. Le pire ayant, donc, été
évité, il est piquant d’observer que cette délicieuse jeunesse, vu certains
enjeux des « débats » bioéthiques du moment, s’est faite comme
souvent, à son insu, supposons-le, la plus servile auxiliaire du grrand
capital, qu’elle prétend vomir[i].
Je n’ai pas vu trace de
cet incident dans la grosse presse. Peut-être ai-je mal cherché ?[ii] Un
autre incident, bien moins grave, a eu cependant quelques échos dans le Huffington
Post[iii] et Valeurs
actuelles. Il s’agit d’une tentative de perturbation de la Marche pour
la vie par une poignée de Femen[iv]. Naturellement,
les journalistes du Huffington Post y virent un motif d’amusement et
ceux de Valeurs actuelles un motif d’indignation. Dans leur tenue de
travail bien connue (et peu onéreuse), les péronnelles tendaient aux « marcheurs »
des seaux en plastique, demandant un geste de « charité chrétienne »
sous la forme d’un don de sperme en faveur de couples de lesbiennes.
En matière de charité
chrétienne, il est évident qu’il faut en faire preuve en l’occurrence, et ce de
plusieurs manières. Voici quelques pistes, que je donne pour ce qu’elles
valent.
Premièrement, il n’est
pas bon de pousser des cris d’orfraie devant de telles exhibitions, et encore
moins d’y répondre par la violence. Ce serait faire plaisir à ces personnes, et
il est des cas où faire plaisir à quelqu’un n’est pas un service à lui rendre. Et,
bien entendu, la violence est mauvaise.
Deuxièmement, il faut
offrir à ces légères rebelles de quoi se couvrir. Car sortir si peu vêtues en
janvier peut leur faire attraper froid, bien que cette année le mois de janvier
soit d’une douceur quelque peu écœurante et presque inquiétante.
Quid des lesbiennes ?
Eh bien, la charité chrétienne envers elles consiste à leur suggérer de mener
une vie chaste. Et, pour le reste, à avoir envers elles la même bienveillance
qu’envers quiconque. Une personne ne saurait être réduite – par elle-même ou
par les autres – à sa sexualité ou à ses penchants. Pourquoi ne
transformeraient ou ne transfigureraient-elles pas leurs désirs en de
magnifiques amitiés ?
Enfin, et pour revenir
aux déplorables Femen, on ne saurait trop leur suggérer de penser, de temps à
autre. C’est une activité qui est quelquefois assez agréable. Jusqu’à présent,
elles n’ont réussi qu’à offrir un reflet parmi d’autres de l’hystérie
contemporaine, reflet désespérément creux.
[i] Un enfant de sept ans est
capable de comprendre que certaines innovations
en matière de procréation et de gestation que des âmes évidemment
désintéressées veulent faire passer pour généreuses, offrent la possibilité d’ouvrir
de nouveaux marchés.
[ii] En cherchant mieux, on
peut trouver ceci dans le Télégramme.
[iii] J’ai cru, la première
fois que j’ai entendu parler de ce site d’information, qu’il s’agissait d’une
publication satirique parodiant le Washington
Post. Apparemment, il n’en est rien, même si je préfère ne pas me prononcer
à ce sujet de manière trop téméraire.
[iv] Franchement, les Femen, ça commence à faire un peu passé
de mode. Tellement 2012…
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