Ecoutez-vous Europe 1 ?
Pour ma part, non, la vie étant courte. C’est donc par des voies détournées que
j’ai appris la teneur d’une chronique livrée par M. Raphaël Enthoven, « philosophe »
(c’est-à-dire professeur d’histoire de la philosophie, en fait) le mardi 21
novembre. Il y est question de la nouvelle traduction du Notre Père, que
nous dirons (ou que nous « ânonnerons » selon M. Enthoven) lors des
messes à partir du 3 décembre. Dans cette nouvelle traduction, « ne nous
soumets pas à la tentation » est remplacé par « ne nous laisse pas
entrer en tentation ».
Qu’en a dit M. Enthoven ?
Ce qui suit :
« Vous avez remarqué
la ligne que l’on a changé. Ne nous soumets pas à la tentation. Le problème, ce
n’est pas la tentation, c’est qu’on a supprimé le verbe soumettre, on a ôté du
texte, l’idée de soumission. […] La première chose qu’on sait de l’islam, le seul
truc que croient savoir les gens qui n’y connaissent absolument rien, c’est que
islam, dit-on, cela signifie soumission. La suppression inutile du verbe
soumettre est juste à mon sens une façon pour l’Église de se prémunir contre
toute suspicion de gémellité entre les deux cultes. Et les paranoïaques de
l’islamophobie qui passent leur temps à la traquer chez les Républicains
exemplaires feraient bien de tendre l’oreille pour une fois dans la bonne
direction, parce que ce qui se joue là sournoisement contre l’islam crève les
tympans quand on tend l’oreille. À compter du 3 décembre prochain, tous les
fidèles francophones qui diront le Notre-Père ânonneront quotidiennement à mots
couverts : chez nous Dieu ne soumet pas, nous ne sommes pas du tout des
musulmans, c’est librement qu’on croit. […] Une prière mérite mieux qu’un
message subliminal. »
Ce que l’on peut en
conclure sur la connaissance qu’a M. Enthoven du catholicisme et, plus
généralement, du christianisme, c’est qu’elle est mince, pour ne pas dire nulle.
Et que ce qui « crève les tympans » de M. Enthoven[i], ce
sont les clous qu’il y enfonce avec un plaisir qui m’inquiète pour lui. Il faudra
lui expliquer que le Notre Père n’est pas une prière rédigée récemment
en français pour signifier comment les catholiques francophones se situent par
rapport à l’islam. Entendant parler de cette abyssale sottise, j’ai commencé
par penser que c’était une chose insignifiante, un bruit parmi d’autres… Autant
hausser les épaules : peut me chaut ce que M. Enthoven pense, croit penser
ou dit penser, si jamais il pense.
Puis d’autres lectures m’ont
éclairé sur ce qu’elle a de dangereux. Je ne me donnerai pas la peine de m’étendre
sur le sujet, d’autres l’ayant justement abordé avec plus d’éloquence que je ne
saurais en avoir. Koztoujours, par exemple.
Post-scriptum du 23 novembre : M. Enthoven a tenu à présenter aujourd'hui des excuses pour les propos absurdes qu'il a tenus (voir ici par exemple). C'est assez rare pour être salué et c'est tout à son honneur. Cependant, il faudrait qu'un certain nombre de personnes cessent de tout ramener à une éventuelle relation avec l'islam ; que ces personnes cessent de voir en tout un acte de "soumission" ou au contraire une manifestation "islamophobe". La vie est un peu plus riche que cela, non ?
Post-scriptum du 23 novembre : M. Enthoven a tenu à présenter aujourd'hui des excuses pour les propos absurdes qu'il a tenus (voir ici par exemple). C'est assez rare pour être salué et c'est tout à son honneur. Cependant, il faudrait qu'un certain nombre de personnes cessent de tout ramener à une éventuelle relation avec l'islam ; que ces personnes cessent de voir en tout un acte de "soumission" ou au contraire une manifestation "islamophobe". La vie est un peu plus riche que cela, non ?
[i] Et moi qui croyais que c’était
Beethoven qui était sourd. Mais c’est un sourd qu’on écoute encore.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un commentaire ? Inscrivez-vous ! Si vous êtes timide, les pseudonymes sont admis (et les commentaires modérés).