Railler en permanence les
initiatives de Mme Hidalgo, maire de Paris dynamique sinon convaincante, serait
à la longue un signe de manque d’élégance. Admettons toutefois qu’elle y met
souvent du sien. Par exemple en proposant de remplacer sur les formulaires d’état-civil
parisiens les mentions de père et de mère par celles de parent
1 et de parent 2. La chose a sa part de sérieux qu’il serait un peu
léger de négliger. Ladite part a été, me semble-t-il, fort bien exposée chez
Koztoujours, dans un billet où il est judicieusement rappelé que l’on nous
traitait de menteurs ou de dingues, nous autres manifestants de 2012-2013,
lorsque nous affirmions redouter la survenue de telles extravagances. Je me
contenterai donc, de mon côté, d’avouer ma perplexité quant à savoir qui, du
père ou de la mère d’un enfant, doit être considéré comme son « parent 1 »…
Dans un tout autre
domaine, il se dit que Mme Hidalgo envisage de donner un autre nom à la rue
Alain, située dans le XIVe arrondissement. Le philosophe bien connu aurait,
paraît-il, exprimé quelques sentiments antisémites dans son journal intime. Ce n’est
pas bien, mais à chercher les petites saletés dans la vie de chaque dédicataire
d’une rue de Paris, on risquera bientôt de s’y perdre. Peut-être ce grand
nettoyage permettra-t-il une augmentation du chiffre d’affaires des chauffeurs
de taxis, en allongeant leurs courses ?
Mais revenons à la rue
Alain. C’est une petite rue qui, partie de la place de Catalogne, fait un
premier coude pour longer les voies de la gare Montparnasse puis un second
jusqu’au carrefour entre les rues Vercingétorix et Pernety, où elle prend fin. Le
moins que l’on puisse dire est qu’elle est moche, voire lugubre, selon l’heure
et la saison. Si Mme Hidalgo souhaite sanctionner Alain post mortem, qu’elle
conserve son nom à cette voie somme toute assez minable[i].
Puisqu’il a été question
de la rue Vercingétorix (un vrai cancre en latin, probablement, sans doute à
cause d’un identitarisme gaulois poussé à l’extrême), signalons aux cyclistes
qu’elle est dotée d’une piste cyclable fort pratique lorsqu’elle n’est pas
envahie par les piétons, lesquels la confondent souvent avec le trottoir. A leur
décharge, cette regrettable confusion est facile. De sorte que, pour remédier à
celle-ci, la ville de Paris a dévié cette piste sur la chaussée, avec une
séparation bienvenue entre les voitures et les vélos. C’est du moins le cas
entre la rue de Gergovie et la rue… Alain.
Voilà qui est excellent,
et le cycliste occasionnel que je suis devrait s’en réjouir. Seulement, il y a
un os : sur la portion de la rue Vercingétorix où cette nouvelle piste a
été aménagée, la ville de Paris avait précédemment installé des bornes pour la
location d’Autolib’, qui n’ont pas encore été retirées[ii]… de
sorte que le cycliste est à cet endroit obligé de se livrer à de hasardeux
zigzags.
Bon, voilà pour la petite
anecdote locale. Mme Hidalgo, qui paraît-il ambitionne de faire de Paris la « capitale
mondiale du vélo » (si tant est qu’une telle expression ait un sens) d’ici
2020, semble ne pas avoir de chance avec cette haute ambition. Que l’on pense à
ses déboires avec Smovengo, l’entreprise choisie pour fournir les nouveaux Vélib’…
La circulation semble d’ailleurs être pour elle un sujet maudit : on parle
d’un scandale impliquant Streeteo, société chargée d’établir les contraventions
pour stationnement interdit ; il faudrait à ce propos s’interroger de la
légitimité qu’il y a à déléguer une telle activité à une société privée ;
peut-être est-ce un miracle du social-libéralisme ?
Quoi qu’il en soit, avec
Smovengo et Streeteo, on souhaite à Mme Hidalgo d’en sortir par le o[iii].
En attendant, il se dit que Mme Hidalgo envisage de s’attaquer aux nids de
poules dont les chaussées parisiennes sont infestées. Qui sait ? Aurait-elle
brusquement senti naître en elle une vocation de maire ?
[i] Aussi moche, il existe,
non loin de là, mais cette fois dans le XVe arrondissement, une rue André Gide…
[ii] C’était du moins encore
le cas fin mars.
[iii] Et, aux personnes qui
donnent des noms aussi ridicules à des entreprises, quarante jours au pain sec
et à l’eau.
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