En ce milieu de mois d’août, comme il est encore
temps de paresser un peu, je ne vois pas pourquoi je m’en priverais. Voici donc
quelques futilités dans l’air du temps.
Le patron à la lanterne !
Dans un récent entretien qu’elle a accordé au New York Times, Mme Taubira a déclaré
qu’elle ne « supporte pas d’avoir un patron ». Notre tendre président
n’a qu’à bien se tenir. Il a d’ailleurs pris soin de se réfugier pour quelques
jours dans une résidence au doux nom de Lanterne.
Une manière facétieuse de couper l’herbe sous le pied à sa tonitruante ministre ?
Cet entretien est un petit joyau. Entre autres
vérités essentielles, Mme Taubira s’est dite « décontenancée, mais pas
surprise » par la « brutalité » de l’opposition à son projet de
loi sur le mariage homosexuel. Il est vrai que certains manifestants sont allés
jusqu’à des extrémités difficilement excusables, comme agresser des matraques,
occuper des fourgons de police, squatter des cellules dans les commissariats ou
tousser sans même mettre une main devant la bouche, au mépris des notions les
plus élémentaires d’hygiène. Reconnaissons cependant que M. Valls et ses
services ont eu à pâtir de ces inqualifiables agressions plus souvent que Mme
Taubira. Cela expliquerait-il les bisbilles entre eux ?
Plus loin, Mme Taubira fait part du racisme qu’elle
sent pointer dans : « Taubira, t’es foutue, les Français sont dans la
rue ». Ben oui, bonnes gens, si « les Français » sont contre
« Taubira », c’est que cette dernière ne mériterait pas d’être
considérée à leurs yeux comme une Française ! CQFD. Mais alors,
« Hollande, t’es foutu, les Français sont dans la rue », c’est du
racisme anti-hollandais ? Allez savoir…
Quid encore de « Taubira, fais ton sac, et va
rejoind’ Cahuzac » (slogan entendu par votre serviteur le 21 avril de
cette année) ? Mépris pour le Sud-Ouest ?
Quant aux Antillais, aux Africains ou même – horresco referens – aux Guyanais qui ont
participé à ces brutales manifestations, les aurait-on manipulés au point de
leur faire scander à leur insu des slogans racistes ? Ce serait très mal,
ça.
Si jamais Mme Taubira perd sa place de ministre,
peut-être pourrait-elle tenter sa chance dans quelque spectacle de
chansonniers, où elle pourrait donner libre cours aux épanchements de sa
magnifique conscience (c’est en ces termes qu’elle a qualifié ladite
conscience, toujours dans le même entretien). A condition, bien sûr, d’être en
mesure de supporter le patron du théâtre où elle nous livrerait ses réflexions…
C’est que, voyez-vous, je finis par me faire du souci
pour elle, la pauvre.
A l’écoute
M. Yves de Kerdrel, directeur des rédactions de Valeurs actuelles et du Spectacle du monde, serait, à l’en
croire, espionné ou écouté par
quelque sombre officine du ministère de l’Intérieur. Ici et là, on suppute, on
soupçonne, on évalue les chances…
Soyons sérieux une minute, voulez-vous bien :
si le gouvernement que le monde et le New
York Times nous envient depuis mai 2012 écoutait quiconque, surtout
quelqu’un qui se situe assez nettement dans l’opposition, cela se saurait,
voyons !
L’âme de Detroit
J’ai appris lundi matin que, pour contribuer au
renflouement des phynances désastreuses de la ville de Detroit (Michigan), un
élu républicain avait suggéré la vente par le musée des beaux-arts de cette
cité de quelques toiles de Renoir, Van Gogh et Matisse qui ornent ses
collections. Cela rapporterait, si j’ai bien entendu, environ un milliard de
dollars.
Pas question ! s’est indigné le directeur dudit
musée. Ce serait consentir à vendre l’âme de Detroit !
Comment dire ? J’ignorais qu’Auggie Renoir,
Vince Van Gogh et Hank Matisse fussent des peintres du Michigan. Ah, le Middle West, ses grands lacs sillonnés
par de joyeux canotiers en maillots rayés ou en marinières, ses plaines
fertiles où se balancent les tournesols, ses baigneuses…
A moins que cette part d’âme, Detroit ne se la soit
achetée lorsque l’industrie automobile américaine prospérait ? Sic transit, comme ils disent chez Ford…
Une perle de (France) culture
Je vous ai gardé le meilleur pour la fin, toujours entendu
à la radio, samedi 2 août. Dans une émission de France-Culture sur Hemingway et
la guerre, il nous a été asséné que le film tiré de Pour qui sonne le glas avait pour acteurs principaux Gary Cooper et
Ingmar Bergman. Vous avez bien lu : Gary Cooper et Ingmar Bergman. Vu la relation entre les deux personnages qu’ils
jouent, ne demandez pas pour qui sonne le glas : il sonne pour tous.
... Gary Cooper et Ingmar Bergman, tss, comme c'est facile et méchant (et drôle, aussi) de se moquer des erreurs des généralistes de la radio. Il est vrai que dans la catégorie J'en-parle-mais-je-n'y-connais-rien, celle-là n'est pas mal. Elle me rappelle cette journaliste qui annonçait en fin de soirée que l'indice "Down Jones" était en baisse. Comment aurait-il fait autrement, le pauvre !
RépondreSupprimerVoyons, s'il est "down", il peut toujours remonter ! Et tant qu'on ne nous parle pas du cours du timbre à 4,40 (cela pour les nostalgiques du franc)...
SupprimerNotons qu'Ingrid Bergman ne joua à ma connaissance que dans un film d'Ingmar Bergman, "Sonate d'automne" ("Höstsonaten", si je me rappelle le titre original). Pas mauvais, quoiqu'un peu hystérique (Bergman dans les années 70), mais beaucoup plus supportable que "Cris et chuchotements", par exemple. Et Ingrid Bergman y joue à la perfection le rôle d'une pianiste vieillissante, survoltée et odieusement égocentrique.