Il y a quelques jours
encore, on pouvait entendre sur France-Culture l’annonce d’un programme où il
serait question de politique et de roman. Cette annonce contenait une question :
Emmanuel Macron est-il un Rastignac ou un Bel-ami ? J’ignore si, au cours
dudit programme, une réponse fut apportée à cette importante question. Je dirais
plutôt un Bel-ami, pour ma part, ou alors le héros de quelque suite libre des Rougon-Macquart
dans leur versant doré ? Qu’importe.
Pour ce qui est des
allusions à Balzac, on serait tenté de songer depuis les élections au parlement
européen aux Illusions perdues, du moins en ce qui concerne M. Bellamy. Il
n’est pas interdit non plus de songer au Père Goriot, M. Bellamy étant
allé se loger pour son malheur à la pension Wauquiez, à l’enseigne quelque peu
délabrée des Républicains.
On sait depuis ce 26 mai
quel humiliant échec a dû subir cette maison. Et l’on se prend à avoir des
regrets, ou presque. M. Bellamy est après tout un homme jeune, intelligent,
courtois, un de ceux qui ont apporté un peu de dignité dans une campagne électorale
aussi sale et bête que d’habitude. Les idées, les convictions qu’il a pu
professer méritent l’intérêt, du moins une partie d’entre elles. C’est cette
partie qui rendait sa candidature intéressante, tout en étant ce pourquoi même
il a été conspué ici et là, pas seulement à gauche.
Il y avait cependant un
problème : si M. Bellamy pouvait être une « tête de liste »
séduisante, le moins que l’on puisse dire de ses colistiers est qu’ils étaient
pour partie choisis parmi les vieux employés fidèles de la boutique fantôme qui
se nomme Les Républicains.
Qu’est-ce que Les
Républicains ? Les restes de la fusion de circonstance, en 2002, de
deux partis politiques qui avaient peu en commun sinon de n’être ni de gauche
ni d’extrême-droite : le RPR, fantôme du gaullisme, et l’UDF, fantôme du
giscardisme. Depuis, ces gens savent de moins en moins où ils habitent et même
qui ils sont. Ils se contentent d’essayer diverses recettes de marketing
politique. De sorte que ce qu’il restait d’électeurs « gaullistes » –
ou disons patriotes – sont partis ailleurs – au Rassemblement dit national s’ils
ont cédé à la tentation nationaliste – ou nulle part – s’ils n’ont pas cédé à
cette tentation. Quant aux « giscardiens » – ou centristes –, un sens
bourgeois de leurs intérêts pour les plus riches d’entre eux ou de ce qu’ils
croient être leurs intérêts pour les moins riches, les a jetés vers La
République en marche. Ils ont donc voté ce 26 mai pour la liste menée
dit-on par Mme Loiseau, dont la nullité ne les a pas repoussés.
En attendant, voilà M.
Bellamy député européen, en compagnie des quelques rescapés du parti qu’il a
accepté de représenter. Nous verrons bien s’il sera à la hauteur de l’impression
favorable que sa personne a faite pendant la campagne électorale. Souhaitons-lui
de ne pas oublier d’être intelligent, de gagner en cohérence dans ses
convictions et de ne pas devenir la caution morale et intellectuelle de ce qu’un
politicard dont il vaut mieux oublier le nom désigna fièrement naguère comme « le
parti des OGM et du gaz de schiste ».
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