samedi 11 mai 2019

L’Europe, l’Europe, l’Europe !

A l’approche des échéances électorales, les rédactions des journaux aiment à publier des guides à l’attention de leurs lecteurs, sous la forme de questionnaires censés leur indiquer de quel candidat ou de quelle liste ils se rapprochent le plus. A deux semaines des élections au parlement européen, j’ai essayé celui de Marianne. Le résultat m’a quelque peu amusé, autant qu’il m’a laissé perplexe. A en croire mes réponses aux questions qui étaient posées, je devrais hésiter entre la liste de la France insoumise et celle de Debout la France, avec en second choix le Rassemblement national, le Parti communiste et les Républicains. L’avantage d’un tel résultat est de me conforter dans l’idée que je ne suis apparemment soumis à aucun attachement partisan. Son inconvénient est de ne pas m’apprendre pour qui je pourrais réellement voter de gaîté de cœur.
La campagne électorale en cours, il faut le dire, n’a pas de quoi transporter d’enthousiasme quiconque. Naturellement, par manque d’imagination, les macronophiles tentent de refaire le coup de nous ou le fascisme, refusant de considérer tout autre adversaire que le Rassemblement national. A ce petit jeu imbécile, ils finiront un jour par se brûler les doigts.
A moins que ne ce soit les ailes, si j’ose dire, tant leur tête de liste, Mme Loiseau, multiplie les gaffes, avec un talent à faire pâlir d’envie tout Castaner qui se respecte. La dernière en date a consisté, peu avant le 8 mai, à comparer sa campagne à un Blitzkrieg. La barre est donc placée haut. Et il ne faut pas compter sur les jeunes de La république en marche[i] pour élever le niveau. Ils ont paraît-il mis en ligne un petit jeu vidéo[ii] où un personnage censé représenter Mme Loiseau franchit des obstacles de natures variées et terrasse des ennemis de tout pelage[iii]. Parmi ces derniers figure un énorme frelon du nom de Mélenrus, dont les traits sont supposés évoquer ceux de M. Mélenchon. Cela est intéressant à plus d’un titre.
D’abord, dans l’esprit des jeunes macronophiles, il semble que tout adversaire politique ne soit qu’un genre d’insecte nuisible qu’il convient d’annihiler. Non pas quelqu’un qui aurait tort et qu’il faudrait convaincre, mais une bestiole, une vermine à écrabouiller. Ce n’est guère rassurant.
Ensuite, il est évident que le nom de Mélenrus vise à associer M. Mélenchon avec la Russie, pays qui a une fâcheuse tendance à être l’ennemi qu’il faut désigner quand on n’a plus rien à dire. Soit, mais Mme Loiseau devrait se méfier. Après tout, le Blitzkrieg en Russie, dès la fin de 1941, ce n’était plus ça.
Mais revenons au chantage électoral pratiqué par les partisans de M. Macron. On aurait tort de croire que ce nous ou le fascisme n’est pratiqué qu’en France. Des amabilités ont été récemment échangées à ce propos entre politiciens suédois. Pour être plus précis, des libéraux[iv] ont reproché à Mme Skyttedal (du parti chrétien-démocrate), d’avoir refusé de choisir entre M. Macron en M. Orban. En ce qui me concerne, j’aurais plutôt tendance à l’en féliciter car, d’une part, ce petit jeu manichéen est puéril et fatigant et, d’autre part, pourquoi se sentir systématiquement obligé d’imiter des modèles étrangers (par ailleurs caricaturaux) ou de se ranger sous la bannière de l’un d’entre eux ? Mais il est vrai qu’en disant cela on n’est guère « européen »…
A propos de Suède : j’ai aussi essayé le guide électoral de Svenska Dagbladet. Si j’étais un électeur suédois, j’aurais paraît-il à hésiter entre les sociaux-démocrates et les démocrates de Suède : riante perspective. Pour ne point perdre mon temps ni vous faire perdre le vôtre, je me contenterai de vous renvoyer à mes considérations d’électeur français au début du présent billet.


[i] La mode, en politique comme ailleurs, vit de références au passé, d’imitations plus ou moins heureuses, plus ou moins maladroites, de modes passées. Qui se souvient des jeunes giscardiens ?
[ii] On a parlé aussi de préservatifs « LREM ». On se renouvelle donc peu, en matière de niaiseries électorales (voir ici).
[iii] A côté de ces pitreries, mon amie Chloé a l’air adulte et réfléchi.
[iv] Du parti du centre ou du parti libéral, j’ai oublié, tant les numéros de clones m’ennuient.

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