A l’approche des
échéances électorales, les rédactions des journaux aiment à publier des guides
à l’attention de leurs lecteurs, sous la forme de questionnaires censés leur
indiquer de quel candidat ou de quelle liste ils se rapprochent le plus. A deux
semaines des élections au parlement européen, j’ai essayé celui de Marianne.
Le résultat m’a quelque peu amusé, autant qu’il m’a laissé perplexe. A en
croire mes réponses aux questions qui étaient posées, je devrais hésiter entre
la liste de la France insoumise et celle de Debout la France,
avec en second choix le Rassemblement national, le Parti communiste et les
Républicains. L’avantage d’un tel résultat est de me conforter dans l’idée que
je ne suis apparemment soumis à aucun attachement partisan. Son inconvénient
est de ne pas m’apprendre pour qui je pourrais réellement voter de gaîté de cœur.
La campagne électorale en
cours, il faut le dire, n’a pas de quoi transporter d’enthousiasme quiconque. Naturellement,
par manque d’imagination, les macronophiles tentent de refaire le coup de nous
ou le fascisme, refusant de considérer tout autre adversaire que le
Rassemblement national. A ce petit jeu imbécile, ils finiront un jour par se
brûler les doigts.
A moins que ne ce soit
les ailes, si j’ose dire, tant leur tête de liste, Mme Loiseau, multiplie les
gaffes, avec un talent à faire pâlir d’envie tout Castaner qui se respecte. La dernière
en date a consisté, peu avant le 8 mai, à comparer sa campagne à un Blitzkrieg.
La barre est donc placée haut. Et il ne faut pas compter sur les jeunes de La
république en marche[i]
pour élever le niveau. Ils ont paraît-il mis en ligne un petit jeu vidéo[ii] où
un personnage censé représenter Mme Loiseau franchit des obstacles de natures
variées et terrasse des ennemis de tout pelage[iii]. Parmi
ces derniers figure un énorme frelon du nom de Mélenrus, dont les traits
sont supposés évoquer ceux de M. Mélenchon. Cela est intéressant à plus d’un
titre.
D’abord, dans l’esprit
des jeunes macronophiles, il semble que tout adversaire politique ne soit qu’un
genre d’insecte nuisible qu’il convient d’annihiler. Non pas quelqu’un qui
aurait tort et qu’il faudrait convaincre, mais une bestiole, une vermine à
écrabouiller. Ce n’est guère rassurant.
Ensuite, il est évident
que le nom de Mélenrus vise à associer M. Mélenchon avec la Russie, pays
qui a une fâcheuse tendance à être l’ennemi qu’il faut désigner quand on n’a
plus rien à dire. Soit, mais Mme Loiseau devrait se méfier. Après tout, le Blitzkrieg
en Russie, dès la fin de 1941, ce n’était plus ça.
Mais revenons au chantage
électoral pratiqué par les partisans de M. Macron. On aurait tort de croire que
ce nous ou le fascisme n’est pratiqué qu’en France. Des amabilités ont
été récemment échangées à ce propos entre politiciens suédois. Pour être plus
précis, des libéraux[iv]
ont reproché à Mme Skyttedal (du parti chrétien-démocrate), d’avoir refusé de
choisir entre M. Macron en M. Orban. En ce qui me concerne, j’aurais plutôt
tendance à l’en féliciter car, d’une part, ce petit jeu manichéen est puéril et
fatigant et, d’autre part, pourquoi se sentir systématiquement obligé d’imiter
des modèles étrangers (par ailleurs caricaturaux) ou de se ranger sous la
bannière de l’un d’entre eux ? Mais il est vrai qu’en disant cela on n’est
guère « européen »…
A propos de Suède :
j’ai aussi essayé le guide électoral de Svenska Dagbladet. Si j’étais un
électeur suédois, j’aurais paraît-il à hésiter entre les sociaux-démocrates et
les démocrates de Suède : riante perspective. Pour ne point perdre mon temps
ni vous faire perdre le vôtre, je me contenterai de vous renvoyer à mes
considérations d’électeur français au début du présent billet.
[i] La mode, en politique
comme ailleurs, vit de références au passé, d’imitations plus ou moins
heureuses, plus ou moins maladroites, de modes passées. Qui se souvient des
jeunes giscardiens ?
[ii] On a parlé aussi de
préservatifs « LREM ». On se renouvelle donc peu, en matière de
niaiseries électorales (voir ici).
[iii] A côté de ces pitreries,
mon amie Chloé a l’air adulte et réfléchi.
[iv] Du parti du centre ou du
parti libéral, j’ai oublié, tant les numéros de clones m’ennuient.
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