Tout et probablement le
contraire de tout aura été dit sur le projet de réforme des régimes de retraite
auquel tient tant notre gouvernement. Je m’abstiendrai donc de tout commentaire
à ce sujet précis, n’ayant pas d’avis ferme. Sur la grève provoquée par ce
projet, je me contenterai de dire que je peux comprendre les inquiétudes de
beaucoup de mes concitoyens, sans toujours approuver les méthodes de certains
grévistes. Mais, après tout, c’est de l’injustice ou du sentiment de celle-ci
que peuvent naître de grands désordres. Notre époque n’est pas toujours
rassurante.
Je m’intéresserai donc à
quelques à-côtés, plus ou moins anecdotiques.
Balayons en quelques mots
les déboires de M. Delevoye, dont le moins que l’on puisse dire est que cet
homme n’aura pas connu douze métiers et treize misères et qu’il semble fort capable
d’assurer son train de vie. Relevons quand même que ce (désormais ancien)
membre à titre bancal du gouvernement émargeait à un genre de cabinet nommé Parallaxe,
fait inquiétant vu que parallaxe est le nom d’une erreur de lecture. Et observons
qu’il est toujours amusant, quand on s’appelle Delevoye, de provoquer des
grèves dans les chemins de fer.
Pour demeurer une minute
dans un registre comique et assez facile, comment ne pas ironiser une fois de
plus sur un mouvement de grève que rend quelque peu difficiles les
déplacements, notamment ceux des Parisiens et banlieusards ? Voilà pour la
grosse blague.
Cette grève a ses bons
côtés, nous obligeant, nous autres Parisiens ainsi que nos voisins de banlieue,
à une certaine imagination. D’aucuns ont découvert – ou redécouvert – les vertus
de la marche à pieds. D’autres se sont rendu compte de ce qu’une voiture à
quatre places pouvait transporter quatre personnes. D’autres encore se sont
jetés dans les délices du cyclisme.
J’a pour ma part
expérimenté les deux dernières solutions pour me rendre à mon travail. Ainsi,
le 5 décembre, premier jour de grève, c’est plein d’entrain et, je l’avoue, non
sans une certaine fierté que, perché sur mon haut vélo, j’affrontai une aube
froide et brumeuse. Or, visiblement, ce jour-là, peu de Parisiens ou de
banlieusards avaient pris leurs voitures : les rues étaient quasiment
vides. D’où comme une déception ou un regret chez moi : c’eût été le jour
idéal, au contraire, pour prendre ma voiture ! Puis je me rengorgeai avec
ce qu’il faut d’autodérision : c’était évidemment grâce aux vertueux cyclistes
d’un jour dont j’étais que les rues étaient si peu densément peuplées de
voitures et le trafic partant si fluide.
N’en faisons pas trop
toutefois : il est probable que parmi les grains d’un sablier, si ceux-ci
étaient doués de pensée et de parole, il s’en trouverait quelques-uns pour nous
expliquer qu’ils sont les agents du destin.
Du reste, les
émerveillements d’un cycliste occasionnel les jours de grève ont leurs limites,
dont il sera question une autre fois.
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