Dans Modérément
moderne, Rémi Brague cite une lettre de John Ruskin datant de 1851 sur le
risque de perte de la foi causé par des découvertes archéologiques pouvant
contredire des récits bibliques :
« Si seulement
les géologues me laissaient tranquille. J’y arriverais très bien, sans ces
affreux marteaux ! J’entends leur cliquetis à la fin de chaque cadence des
versets de la Bible. »
Les temps faisant l’objet
des récits bibliques sont assez lointains et les découvertes archéologiques
assez lacunaires (ainsi que leurs interprétations) pour que toute tentative
dans ce domaine pour confirmer ou infirmer ces récits nous paraisse quelque peu
vaine. En termes de confrontation entre la Bible et l’archéologie, ces
tentatives ne se limitent pas, d’ailleurs, à l’Ancien Testament.
Ainsi, récemment, le site
de L’Express publiait un article rendant compte d’une
« découverte » quant à l’aspect physique de Jésus (voir ici). Cet article nous
apprend en fait peu de choses, si ce n’est un certain nombre d’hypothèses liées
à des statistiques sur la taille, le teint, la couleur des yeux, la longueur
des cheveux ou l’habillement des habitants de Palestine il y a environ deux
mille ans. En ne manquant pas de nous faire remarquer combien ces hypothèses
sont peu compatibles avec les représentations traditionnelles de Jésus sur les
tableaux ou icônes.
Avec de telles
niaiseries, on croit voir émerger quelques trésors de la pensée bourgeoise,
scientiste, péremptoire, voltairienne à la manière de M. Homais. Pour faire
bref, c’est 1851 comme si vous y étiez.
Certes, par Son
incarnation, le Christ a bien eu un visage, une taille, un teint, a porté tel
ou tel type de vêtement. Mais en avoir les mesures « exactes » – ou
quelques vagues suppositions sur ces mesures – a-t-il vraiment une importance,
de même que la concordance ou non de ces suppositions avec les conventions qui
nous permettent de Le reconnaître sur quelque peinture religieuse ?
Ce qui nous devrait
plutôt nous importer, c’est que ce visage est celui de la miséricorde divine
incarnée. Rappel fort opportun en cette année de la miséricorde.
Et comme nous voici
arrivés à Noël, nous nous rappellerons que le Christ est venu parmi nous en
naissant – après avoir été porté par sa mère – comme n’importe quel homme. Avec
la fragilité y afférant, faiblesse nécessaire à Son triomphe.
Ce dernier rappel devrait
nous aider à cultiver une vertu fort nécessaire en ce moment, qui se nomme
l’espérance. Elle est parfois mince, fragile même, mais doit vivre.
Alors, joyeux Noël !
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