Pendant que nous
découvrons douloureusement l’état de notre pays et que les partis politiques
dits de gouvernement s’efforcent de sauver leurs boutiques et de ne tirer aucun
enseignement de leurs déboires électoraux, d’autres questions importantes font
l’objet de débats et d’âpres discussions. Il s’agit, bien entendu, des
désordres climatiques dont les participants à la COP 21, dont chacun aura
entendu parler, entendent (ou prétendent ?) limiter les effets.
On en parle, certes, mais
que fait-on ? Cette nième conférence aura-t-elle abouti enfin à des
résolutions susceptibles d’être tenues ?
Les optimistes envisagent
des pistes « technologiques » : à les entendre, une
« transition énergétique » est en cours, s’appuyant sur des énergies
« renouvelables » ; sans avoir à brûler de combustibles
contribuant à l’effet de serre, il serait bientôt possible de produire, donc de
consommer, autant d’énergie que maintenant. Et cela donnerait de l’ouvrage à de
nombreux ingénieurs tout heureux de développer de nouvelles solutions
techniques.
L’idée est à première vue
séduisante, voire réconfortante. Or elle ne fait que déplacer les problèmes qui
se posent, d’autres étant à prévoir du fait de l’exploitation massive – donc
peu durable – de ressources naturelles et de la pollution qui pourra en
résulter. En somme, de nouveaux risques seront courus.
Pour user d’un langage
familier aux gestionnaires de projets, cela peut s’appeler un transfert de
risque : puisque le risque climatique devient inacceptable,
transformons-le en un autre risque, moins impopulaire en ce moment, et nous
verrons bien après !
Cela ne me semble pas
très sérieux et me rappelle un épisode bien connu du Sapeur Camember,
« On ne pense pas à tout » : dans cette histoire, Camember est
chargé par le sergent Bitur d’enterrer quelques détritus qui ne font pas
honneur à la cour de la caserne. Pour ce faire, il creuse un trou où il déverse
lesdits détritus. Mais que faire de la terre du trou ? Le sergent lui
ordonne donc de creuser un second trou pour y mettre la terre du premier. Mais
que faire de la terre du second trou ?... Ce pourrait être sans fin, si le
sergent ne punissait pas Camember pour ne pas avoir creusé un second trou assez
grand pour contenir sa propre terre, outre celle du premier.
N’en sommes-nous pas là
avec de telles solutions ? Avant d’attendre de grandes résolutions
mondiales, peut-être chacun d’entre nous devrait-il chercher quelques pas à
faire vers une vie plus sobre ? Il doit exister des manières simples d’y
parvenir, à la portée d’une personne, d’un foyer ou de quelques familles[i]…
Cette sobriété
personnelle sera sans doute insuffisante, et c’est là que doivent intervenir
les collectivités et les institutions : en déterminant à quels échelons
d’autres économies seront utiles et efficaces[ii]. Un
travail abondant et complexe, passionnant pour les ingénieurs, du reste.
[i] Cela peut aller de
« petits gestes » dans notre vie quotidienne à un changement radical
de mode de vie, que certains expérimentent.
[ii] A ce propos, le numéro de
décembre de Causeur publie un fort
intéressant entretien (« Décroître ou périr ») avec Olivier Rey, où
ce dernier rappelle ce qui pourrait passer pour un truisme mais va mieux en le
disant : « Tout problème doit être traité à une échelle pertinente. »
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